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JO 2024 : "On espère que ça ira mieux après la cérémonie d'ouverture", souhaitent les soignants et riverains face aux restrictions de circulations

A l'occasion des Jeux olympiques, la mairie et la préfecture de Paris ont mis en place des restrictions de circulation qui entravent le travail des soignants ou des proches de personnes malades, contraints de trouver des rustines pour être soignés.


Publié le 25/07/24 13:00 | Modifié le 25/07/24 13:00
Source : franceinfo
Temps de lecture : 6 min
JO 2024 : "On espère que ça ira mieux après la cérémonie d'ouverture", souhaitent les soignants et riverains face aux restrictions de circulations
Depuis que sa mère a été hospitalisée fin juin, Sophie Defrance est désemparée.

A 65 ans, cette salariée dans une entreprise parisienne sait y faire avec la paperasse.

Mais avec les conditions de circulation mises en place depuis le 18 juillet en vue de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris, vendredi 26 juillet, elle ne sait plus comment gérer sa mère, 88 ans, qui a perdu son sens de l'orientation et ne se nourrit plus.

"Je suis en panique", confesse-t-elle.

"Je ne sais plus qui appeler, ni comment gérer tout ça." Comme Sophie Defrance, des aides à domicile, des infirmiers, des médecins, des ambulanciers et des proches de malades ont confié leur désarroi à franceinfo. à lire aussi JO de Paris 2024 : piétons, automobilistes, métro et RER...

Quelles sont les nouvelles restrictions de circulation à partir de jeudi ? Jusqu'alors, Martine Bodecher-Magnanou était autonome et vivait seule dans un appartement du très chic 6e arrondissement de Paris.

Depuis son retour à domicile le 11 juillet, trois auxiliaires de vie se relaient pour l'aider à aller aux toilettes et lui faire à manger.

De nouvelles habitudes contraignantes auxquelles il faut ajouter les nouvelles restrictions de circulation dans la capitale, notamment le long de la Seine, avec un double périmètre de sécurité : une large zone rouge ainsi qu'une zone grise, plus restreinte.

L'accès y est ainsi conditionné à la détention d'un laissez-passer sous forme d'un QR code (sauf rares dérogations, notamment pour les véhicules d'urgence des pompiers ou du Samu). Pas de chance, l'appartement de Martine Bodecher-Magnanou se trouve en zone grise, ce qui veut dire que le laissez-passer est nécessaire pour accéder à son domicile.

"Depuis quelques jours, les auxiliaires de vie ont été retoquées à 10 ou 15 mètres de chez elle", regrette sa fille.

"Ils ont même refusé le passage à un infirmier." "Cela dépend du policier sur lequel on tombe" Le cas de Martine Bodecher-Magnanou n'est pas isolé.

Plusieurs sociétés d'aide à domicile font part des difficultés de leurs agents à accéder aux zones rouges et aux zones grises.

"Tout dépend du policier sur lequel on tombe", confient plusieurs soignants contactés par franceinfo.

La société qui emploie les auxiliaires de vie de la mère de Sophie Defrance, Age et Perspectives, note qu'"une dizaine de clients" sont confrontés au même problème que Martine Bodecher-Magnanou. Vanessa Wilson, responsable de l'agence du 13e arrondissement, constate aussi que même si "la grande majorité du personnel n'a pas de souci" pour circuler dans ces périmètres, "plusieurs se voient confrontés à des refus" de passer en zone rouge par les agents de police.

Et ce, alors qu'aucun QR code n'est requis dans ces périmètres pour les personnes circulant à pied ou à vélo, rappelle la préfecture de police de Paris à franceinfo. Face au refus des forces de l'ordre, les auxiliaires de vie ont beau se justifier, un certificat de leur employeur et carte professionnelle à l'appui, cela ne suffit pas toujours pour passer les barrages.

En conséquence, Vanessa Wilson "a fait des demandes de pass, mais il y a des délais".

Au total, entre les trajets rallongés et les pourparlers avec les policiers, elle estime que son agence a perdu, entre vendredi 19 et lundi 22 juillet, au moins 150 heures de prestations. Malgré beaucoup d'anticipation, la société Ouihelp connaît, elle aussi, des déconvenues.

Cette entreprise d'aide à domicile est sur le pont depuis le mois de janvier et a même désigné une "cheffe de projet JO", bien que l'entreprise n'ait aucun lien direct avec les Jeux.

Pendant six mois, Eugénie Lallement et ses équipes ont travaillé aux plannings des auxiliaires de vie et les ont guidées dans leurs demandes de laissez-passer.

Au total, 90 d'entre elles ont obtenu le précieux sésame, pour 290 bénéficiaires résidant en zones rouges et grises.

Toutefois, "trois auxiliaires de vie se sont quand même vus refuser l'accès à une zone rouge car elles n'avaient pas de pass, malgré le fait qu'il n'y en avait pas besoin", regrette Eugénie Lallement. De longs délais pour atteindre certains centres médicaux Clara a aussi pris les devants.

D'ordinaire, cette Parisienne handicapée sait comment concilier vacances et les six heures de soins hebdomadaires dont elle a besoin.

Avec les Jeux, elle et ses parents ont pris une décision radicale : quitter Paris et arrêter les soins de Clara pendant un mois.

"Mon handicap fait que ma main part en sucette, ce qui nécessite de la kiné au moins une fois par semaine", explique la jeune femme.

Le praticien lui a donné quelques exercices à pratiquer durant ce mois de pause.

"Je vais forcément perdre un peu de motricité, mais elle devrait revenir quand je reprendrai les séances à la rentrée", espère-t-elle. à lire aussi JO de Paris 2024 : "L'équipe de France des soignants est prête", assure Frédéric Valletoux, ministre de la Santé Tous les malades ne peuvent pas se passer de leurs soins.

Pour ceux atteints de cancers ou qui doivent pratiquer des dialyses, un traitement qui consiste à remplacer le rôle des reins en filtrant le sang du patient pendant quatre heures environ, impossible de faire une pause.

"Nous avons de très grosses inquiétudes par rapport à la cérémonie d'ouverture et pendant les épreuves sur route", grince Bruno Lamothe, de l'association Renaloo, qui représente les malades des reins.

Ces derniers sont transportés en ambulance aux centres de dialyses, devant ainsi traverser des routes interdites aux véhicules non autorisés. Par exemple, le centre de dialyse de Bercy est en zone blanche, mais il est entouré de zones rouges nécessitant un pass pour les véhicules.

Résultat : les patients arrivent tard et doivent renoncer à une partie de leur dialyse, pointe Bruno Lamothe.

"Quand un patient sort de quatre heures de dialyse, il n'a qu'une envie, c'est rentrer chez lui", souligne Nordine Bounoura, qui gère une société d'ambulances dans le 14e, le 15e et le 16e arrondissement.

Sauf que ce retour à domicile peut parfois se compter en heures à cause du trafic, déjà bouché à Paris, et amplifié par ces restrictions de circulation. Des "voies olympiques" interdites aux ambulances et à SOS médecins Pour éviter d'aggraver ces retards, les ambulanciers et SOS médecins privilégient les patients situés sur la même rive qu'eux.

"Ceux qui ont besoin de traverser la Seine n'arrivent pas à trouver d'ambulance", constate Ahmed Taqua, représentant de l'Association des Transports Sanitaires d'Urgence (Atsu 75). Si je dois prendre quelqu'un dans le 5e arrondissement pour aller de l'autre côté de la Seine, il faut compter au moins 1h40.

On est obligés de refuser pas mal de transports, car on ne peut pas assumer avec les heures de retard accumulées. Ahmed Taqua, représentant d'Atsu 75 à franceinfo Pourtant, les ambulanciers et SOS médecins estiment que ces délais pourraient être réduits.

C'est pourquoi ils demandent, depuis plusieurs semaines, à pouvoir emprunter les "voies olympiques", ces portions de route réservées aux véhicules accrédités, aux pompiers et au Samu, sans risquer d'amende et des poursuites judiciaires.

"J'étais vraiment étonné de voir qu'on n'avait pas le droit d'emprunter les voies de bus ou les voies JO, déplore Nordine Bounoura.

Si on ne les prend pas, ce sont des heures et des heures de retard qui vont s'accumuler et ça ne sera plus gérable." Interrogée sur ce point, la préfecture de police annonce à franceinfo qu'"un assouplissement pour les transports sanitaires de 'patients sensibles' est à l'étude".

"On espère que ça ira mieux après la cérémonie d'ouverture", soupire Serge Smadja, secrétaire général de SOS médecins.

Tous ont bon espoir qu'une fois l'échéance du 26 juillet passée, leurs conditions de travail reviendront peu à peu à la normale. MerciAppTrigger.load('z2dm03b1daa61l2y5ngfn56gh', {"selector":"#content-spellcheck-object_3384 .js-spellchecker, #spellcheck-object_3384","showLargeSpinner":true,"markerColors":{"autocorrection":"#D0021B","context":"#9414C1","grammar":"#D0021B","spelling":"#D0021B","style":"#725B0B","typography":"#725B0B","warning":"#9414C1"}}, 'e7a4298d496911137dabb1b81f2fc3bb-1721897539681'); MerciAppTrigger.load('z2dm03b1daa61l2y5ngfn56gh', {"selector":"#content-spellcheck-object_17307 .js-spellchecker, #spellcheck-object_17307","showLargeSpinner":true,"markerColors":{"autocorrection":"#D0021B","context":"#9414C1","grammar":"#D0021B","spelling":"#D0021B","style":"#725B0B","typography":"#725B0B","warning":"#9414C1"}}, '9866d32d3a5613502028e2accdd00d9f-1721902881996');

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