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Forêts contraintes : un facteur aggravant du réchauffement climatique ?

Les chercheurs mettent en garde contre l'introduction artificielle d'espèces d'arbres méridionales dans les forêts septentrionales.


Publié le 21/12/23 06:09 | Modifié le 21/12/23 06:09
Source : 20 Minutes
Temps de lecture : 1 min
Forêts contraintes : un facteur aggravant du réchauffement climatique ?
Est-il possible que les tentatives d'adaptation au réchauffement climatique exacerbent plutôt qu'améliorent la situation ? Une étude scientifique réalisée par plusieurs laboratoires français, dont le CNRS, et publiée dans la revue Oikos, met en garde contre les stratégies de migration assistée d'espèces d'arbres provenant de régions plus chaudes et plus sèches, actuellement mises en œuvre dans les forêts européennes.

Selon cinq chercheurs, planter des espèces indigènes dans des latitudes plus élevées (plus au nord) risque à terme de favoriser un emballement climatique.

Cette mise en garde provient du laboratoire Ecologie et dynamique des systèmes anthropisés de l'université de Picardie Jules-Verne à Amiens. Depuis de nombreuses années, les gestionnaires de forêts sont préoccupés par le réchauffement climatique et l'adaptation des espèces d'arbres et d'arbustes.

"D'autant plus que la capacité de dispersion des arbres ne leur permet pas de migrer aussi rapidement qu'ils le devraient pour suivre un réchauffement des températures beaucoup plus rapide", explique Jonathan Lenoir, chercheur au CNRS et participant à l'étude. Il est donc tentant d'importer et de planter dès maintenant des espèces mieux adaptées au nouveau climat à venir.

Cependant, ce soutien à la nature pourrait avoir des conséquences incontrôlées.

"Nous ne disons pas que la migration assistée doit être évitée, mais nous suggérons de respecter les ressources originelles des forêts", souligne Jonathan Lenoir.

L'idée est de développer la diversité génétique au sein de la même espèce. Le problème réside dans les caractéristiques physiologiques des espèces méridionales sélectionnées pour cette migration d'espèces différentes.

"Si elles sont plus résistantes à la sécheresse, ces espèces en provenance de régions plus chaudes ont des feuilles plus petites et parfois persistantes qui modifient considérablement la composition de la canopée forestière", explique l'université de Picardie dans un communiqué.

Cela peut entraîner un effet papillon.

"Ce changement de canopée, composée de feuilles plus petites qui transpirent moins d'eau, pourrait dégrader le microclimat des sous-bois et augmenter le risque d'incendie si les espèces transplantées sont hautement inflammables, comme c'est le cas du pin maritime", ajoute le communiqué.

"Les feuilles jouent un rôle dans le cycle de l'eau et le remplacement des espèces modifie la circulation de l'eau", ajoute Jonathan Lenoir, qui a étudié avec ses collègues les caractéristiques physiologiques de 106 espèces européennes et nord-américaines.

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