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Quel destin attend les magasins Monoprix et Franprix à Paris, et quel futur pour leurs employés ?

L'avenir incertain des magasins de proximité parisiens suite à la prochaine vente du groupe Casino reste en suspens.


Publié le 31/12/23 06:03 | Modifié le 31/12/23 06:03
Source : 20 Minutes
Temps de lecture : 5 min
Quel destin attend les magasins Monoprix et Franprix à Paris, et quel futur pour leurs employés ?
"Les fêtes ne sont vraiment pas joyeuses," dit Linh* avec un sourire poli qui ne cache pas son inquiétude.

En tant que salariée d'un magasin Monoprix dans le 13e arrondissement de Paris, la situation actuelle du groupe Casino ne prête pas à la joie.

Pire encore, elle avoue ressentir de plus en plus d'anxiété à mesure que les semaines passent et que le couperet approche, déterminant ainsi l'avenir de son emploi. Depuis plusieurs mois, le groupe Casino est en mauvaise posture, avec une dette de 6,5 milliards d'euros.

Le géant de la distribution alimentaire stéphanois attend de connaître son repreneur.

Les magasins "hypermarchés" et "supermarchés" devraient être repris par les concurrents Auchan et Intermarché.

Pour les plus petites enseignes, un plan de sauvegarde devra déterminer dans les semaines à venir les repreneurs.

Ce plan concerne tout le territoire français, mais intéresse tout particulièrement les Parisiens, car le groupe Casino représente plus de 50% de la distribution alimentaire dans la capitale (contre seulement 10% au niveau national). À l'intérieur de Paris, plus de 500 magasins attendent.

Il suffit de se promener pendant quelques heures pour se rendre compte de la présence des enseignes Monoprix, Franprix, Naturalia, etc.

Pas un quartier sans au moins deux magasins du groupe.

Certaines rues en comptent même 4 ou 5.

Au total, le groupe possède plus de 500 magasins dans la capitale (360 Franprix, 60 Monoprix, 42 Monop', 5 Monop’Daily, 78 Naturalia, auxquels s'ajoutent les supermarchés Casino, Spar et Vival).

Une importance considérable pour les courses quotidiennes des Parisiens, mais aussi pour l'emploi. Selon les éventuels repreneurs tels que le Tchèque Kretinsky, le Français Ladreit de Lacharrière et le fonds britannique Attestor, il n'y a pas de risques pour les "petits" magasins.

Ils affirment vouloir axer leur stratégie sur le commerce de proximité.

Contacté par 20 Minutes, le groupe Casino assure qu'il n'y aura pas de cession ou de fermeture des magasins de proximité lors de la reprise.

Ces déclarations visent à rassurer les autorités ainsi que les salariés. Pourtant, fausse alerte.

Un rapide tour des enseignes parisiennes montre que la situation est délicate : on ne commente pas.

Le directeur d'un grand magasin de la rive gauche nous assure même que toute demande doit être adressée au siège du groupe, à une adresse unique.

Un des managers, également craintif, finit par avouer : "Il n'y a pas de consigne officielle.

Mais c'est tendu, ce n'est pas le moment de se mettre à dos quelqu'un "là-haut"." Une employée, plus disposée à se confier, déclare : "Nous sommes tous inquiets.

Nous ne savons pas ce que l'avenir nous réserve.

Personne ne veut parler de peur de perdre son emploi, mais parmi nous, nous en discutons beaucoup." Outre la situation difficile du groupe, les salariés s'inquiètent de savoir ce qui les attend.

"Les plus grandes craintes sont de voir des magasins fermer, des effectifs réduits, ou un changement "à la Carrefour"," explique-t-elle.

Cette expression, souvent utilisée par les employés interrogés, fait référence à la stratégie mise en place par Alexandre Bompard depuis son arrivée à la tête du groupe Casino, qui consiste à passer les magasins en "location-gérance".

Cette méthode permet de réduire les dépenses en retirant ces magasins du giron du groupe. En location-gérance, tous les accords collectifs sont mis de côté.

"Pour l'instant, ils assurent que ce n'est pas leur projet," explique Lionel Mamboumbia, délégué syndical central à la CGT Casino Paris, "mais rien ne garantit qu'ils ne changeront pas d'avis".

Le risque pour les employés est de voir tous les accords d'entreprise disparaître.

"Nous savons qu'au-delà des quinze mois légaux, ils peuvent transformer les magasins en franchises ou en location-gérance.

Et à ce moment-là, nous devrons dire au revoir aux conventions collectives, aux avantages sociaux et à de nombreux emplois.

Et pour les magasins qui ne pourront pas être repris, cela signifiera leur fermeture," ajoute le syndicaliste.

"Ces personnes ne pensent qu'à l'optimisation extrême.

Tout ce qu'ils veulent, c'est de la rentabilité, encore de la rentabilité.

En général, cela signifie qu'ils vont licencier une partie des effectifs et obliger les autres à travailler davantage.

Regardez ce qui se passe avec les franchises.

Les magasins sont mal gérés et les employés ont des conditions de travail bien plus difficiles," commente Linh*. Bien qu'elle ne puisse pas intervenir dans un tel dossier privé, la Mairie de Paris garde un œil sur la situation du groupe.

Celle-ci, à plusieurs égards, concerne directement la vie des Parisiens, comme l'explique Nicolas Bonnet-Oulaldj, adjoint d'Anne Hidalgo en charge du commerce : "Il s'agit avant tout de plusieurs milliers d'emplois à Paris et en Île-de-France (le groupe Casino n'a pas pu nous fournir de chiffres - N.D.L.R.).

Mais cela concerne également la vie quotidienne des habitants." Les conséquences sur la concurrence dans la capitale, la diversité de l'offre, le pouvoir d'achat des Parisiens, et la vie de quartier soulèvent de nombreuses inquiétudes.

"Ces petits magasins alimentaires font partie du parcours du client.

On peut acheter sa lessive à la supérette, puis aller chez le boucher, puis chez le maraîcher, etc.

Cela ne sera plus possible si ces magasins deviennent des fast-foods ou des magasins de luxe," explique l'élu. La peur du "drive", voire pire selon l'élu, la vente en ligne : "Nous craignons que ces magasins ne se tournent vers la vente sur Internet.

En plus de supprimer des emplois, cela entraîne une augmentation des besoins en livraison.

Un service de "drive", c'est au minimum 8 à 10 camions de livraison par jour.

Une catastrophe pour la ville." Selon la ville, la seule solution serait d'espérer que les locaux soient mis en vente en cas de fermeture des magasins, afin de pouvoir exercer son droit de préemption et essayer de réoccuper les lieux avec un commerce utile au quartier grâce à son programme Paris Commerce. Les craintes pour un avenir incertain devraient trouver des réponses dans les semaines à venir.

En effet, les actionnaires du groupe seront amenés à se prononcer le 11 janvier prochain sur le plan de sauvegarde qui devrait être mis en place à partir des mois de mars et avril. *Le prénom a été changé à la demande de la personne. [Economie] Lidl intéressé par 600 magasins Casino et Monoprix France Monoprix, Franprix : Les magasins du groupe Casino trop nombreux à Paris

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