Franceactu.info

Explorons l'avenir radieux : Vers une science-fiction positive, défiant guerres, IA et cataclysmes

En 2024, « 20 Minutes » explore si nous pouvons encore échapper aux dystopies ou si nos imaginaires sont déjà asservis. #QuestionDeFutur


Publié le 03/01/24 06:09 | Modifié le 03/01/24 06:09
Source : 20 Minutes
Temps de lecture : 5 min
Explorons l'avenir radieux : Vers une science-fiction positive, défiant guerres, IA et cataclysmes
Les récits dystopiques ont envahi l'imaginaire collectif, en mettant en scène des dictatures, des catastrophes climatiques, l'intelligence artificielle, les épidémies, les famines, le clonage, etc.

Avec une actualité anxiogène, on a l'impression que la réalité est sur le point de rattraper la fiction.

Par exemple, si vous avez regardé le film SF "Contagion" en 2011, qui met en scène une pandémie, le soir du 16 mars 2020...

ou si vous faites face à l'horreur de la guerre en Ukraine, qui ravive la crainte d'une apocalypse nucléaire (un thème populaire dans la SF des années 1960-70).

Avez-vous l'impression que l'état du monde empire ? Que des catastrophes et la mort nous attendent au tournant ? Et si la clé pour repenser le monde différemment passait par la science-fiction positive ? "Nous recevons de plus en plus de demandes de ce genre", reconnaît Julien Chapert, libraire spécialisé dans la science-fiction à La Croisée des mondes, à Paris.

Dans le climat social et politique actuel, les gens ont besoin de lire des livres qui apportent un peu d'espoir.

Cette littérature a des origines qui remontent au XVIe siècle, avec "L'Utopie" de Thomas Moore, ou à l'exploration à la manière de Jules Verne au XIXe siècle, et suscite de plus en plus d'intérêt. Au cours des dernières années, plusieurs auteurs, dont la plus célèbre est Becky Chambers, ont creusé ce sillon.

L'auteure américaine de science-fiction féministe s'est fait connaître depuis 2014 avec sa série de romans "Les voyageurs" et ses nouvelles dans "Histoires de moine et de robot".

Cette série suit la vie à bord d'un vaisseau spatial où cohabitent des humains et différentes espèces extraterrestres.

La deuxième série imagine un monde où les robots se sont séparés des humains lorsqu'ils ont décidé d'adopter un mode de vie plus responsable et durable. "Becky Chambers réussit à rassembler : elle a réussi à mettre d'accord d'abord tous les amateurs de science-fiction, ce qui est rare, et elle a même séduit de nombreux libraires spécialisés en littérature générale", déclare Mireille Rivalland, éditrice chez L'Atalante, la maison d'édition nantaise qui publie ses livres en France.

Le premier tome de la série "Histoires de moine et de robot", traduit en français en 2022 sous le titre "Le psaume pour les recyclés sauvages", s'est vendu à plus de 15 000 exemplaires en un an en France, ce qui est un excellent chiffre pour de la science-fiction.

Cet engouement pour la science-fiction positive est également rapporté par Yann Olivier, de l'organisation du festival de science-fiction des Utopiales à Nantes, qui affirme que ce genre suscite la curiosité. La science-fiction explore des mondes imaginaires, nous projette dans le futur et, très souvent, s'appuie sur nos peurs et nos inquiétudes concernant l'avenir, analyse Ugo Bellagamba, historien du droit à l'université Côte d'Azur et spécialiste des utopies.

Par conséquent, elle nous présente des mondes sombres, dystopiques ou totalitaires.

On peut penser ici à des œuvres telles que "1984" de George Orwell, "Le meilleur des mondes" d'Aldous Huxley ou "Hunger Games" de Susan Collins.

Mais il y a aussi une science-fiction plus positive, qui a confiance en l'avenir et qui décrit parfois des mondes meilleurs où nous avons résolu les problèmes d'inégalités, d'argent, de racisme, de sexisme, etc., poursuit-il.

L'auteur du "Dictionnaire utopique de la science-fiction", paru en octobre 2023, établit un lien direct entre les utopies du passé, comme celle de Moore, et la science-fiction.

Le mécanisme est presque le même, note-t-il : "Dans l'utopie, on se projette dans un autre lieu, qui peut être spatial ou temporel, et dans cet autre lieu, on explore les possibilités d'améliorer le monde.

Et la science-fiction fait la même chose". De plus en plus de personnes se sont réunies pour raconter des histoires positives sur le futur.

Dans "Utopiennes : des nouvelles de 2043", une trentaine de personnes, dont le joueur de handibasket Ryadh Sallem et l'activiste franco-palestinienne Rima Hassan, se projettent dans un monde en réchauffement climatique et imaginent comment l'humanité s'adapte.

Pour Yannick Roudaut, ancien journaliste financier devenu éditeur et cofondateur de La mer salée, l'utopie est une réponse à un futur dystopique. Selon lui, il y a une confiscation des imaginaires et on ne s'autorise pas à imaginer quelque chose de vraiment différent.

Lorsque je demande aux gens à quoi ressemble le futur, ils prennent l'année 2023 et l'améliorent.

Voit-il un avenir idyllique ? "Il est facile de traiter ceux qui rêvent de quelque chose de différent comme des naïfs.

Je veux bien que nous nous interdisions de rêver, mais que proposent les cyniques et les réalistes ? Rien.

Les clichés empêchent les gens de se projeter comme s'ils avaient peur de croire en quelque chose de positif.

C'est incroyable". Yann Olivier, des Utopiales, défend également l'idée que la science-fiction positive ouvre de nouvelles possibilités.

Selon lui, si tous nos imaginaires sur le futur sont négatifs, nous aurons tendance à répondre aux problèmes de la même manière ou à penser de façon fataliste.

La science-fiction positive ne propose pas forcément la bonne réponse, mais elle est différente du cynisme et du fatalisme.

Pour lui, écrire une dystopie est "plus facile" que d'imaginer un avenir meilleur, car cela demande une étape supplémentaire. Ugo Bellagamba, l'historien du droit, souligne que l'utopie et la dystopie sont les deux faces d'une même pièce, qui représente notre façon de penser le monde.

Dans toute dystopie, il y a une utopie qui n'a pas été comprise, et dans toute utopie, il y a un risque de dystopie si elle est appliquée à la lettre.

Le cyberpunk illustre bien cette idée : dans ces mondes sombres de mégapoles urbaines violentes et technophiles, des éléments d'utopie ont été pervertis ou mal compris.

En parallèle, le solarpunk se développe avec une nouvelle génération d'auteurs, dont Becky Chambers.

Le solarpunk rejette le spectre de l'apocalypse et de la survie et propose des économies résilientes, locales ou communautaires après la fin des énergies fossiles. Selon l'historien du droit, il est attristé par les personnes qui se découragent en affirmant que c'est l'effondrement et qu'il n'y a pas d'issue.

Pourquoi tant de certitudes ? Notre imagination est une protection contre les certitudes.

L'ut

Les articles les plus lus


Autres actus Science


Découvrez tous nos autres articles sur le même thème

Plus d'actu Science
Suivez France Actu