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ViH : Migration en Paca, une situation préoccupante dans la deuxième région la plus touchée

Céline Offerlé, vice-présidente d'Aides en Paca, explique pourquoi cette région est la deuxième plus touchée par l'épidémie en France métropolitaine.


Publié le 03/12/23 06:30 | Modifié le 03/12/23 06:30
Source : 20 Minutes
Temps de lecture : 3 min
ViH : Migration en Paca, une situation préoccupante dans la deuxième région la plus touchée
Avec 64 cas de séropositivité par million d'habitants en 2022, la région Paca se classe loin derrière l'Île-de-France et ses 190* cas.

Cependant, elle reste la deuxième région la plus touchée par le VIH en métropole.

Comment cela peut-il s'expliquer ? Selon la vice-présidente de l'association Aides en Paca, cela s'explique en partie par le fait que le dépistage y est plus important qu'ailleurs.

De plus, la région concentre des populations ayant des difficultés d'accès aux soins, notamment les personnes en situation de migration. En ce qui concerne l'épidémie en Paca, elle reste la deuxième région la plus touchée en France métropolitaine, avec des diagnostics qui ne diminuent pas pour certaines populations qui ont des difficultés d'accès aux soins, comme les personnes trans, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes nés à l'étranger ou encore les femmes migrantes travailleuses du sexe.

L'association est également très préoccupée par les menaces pesant sur l'Aide Médicale d'Etat (AME), qui permet aux étrangers en situation irrégulière d'avoir accès aux soins.

Si cette aide venait à être supprimée, cela serait désastreux pour l'accès au dépistage et aux soins pour ces populations déjà défavorisées. Les dernières données de Santé publique France montrent que les découvertes de séropositivité se font encore tardivement dans 43% des cas, toutes catégories de population confondues.

C'est encore plus vrai pour les personnes ayant un accès limité aux services de santé.

Le fait d'être né à l'étranger est également corrélé à un dépistage tardif.

Or, le dépistage est le premier levier pour freiner l'épidémie.

Lorsqu'une personne est diagnostiquée, elle est immédiatement prise en charge et traitée.

La charge virale devient indétectable et elle n'est plus contagieuse.

C'est une avancée scientifique depuis 2011.

Les traitements ont un effet thérapeutique pour la personne concernée, mais aussi un effet préventif pour la communauté dans son ensemble. L'association Aides travaille à améliorer la prise en charge de ces populations en phase d'expérimentation de centres de santé sexuelle d'approche communautaire.

Ces centres sont situés dans les grands centres urbains où l'épidémie est la plus forte, comme Nice, Marseille, Montpellier et Paris.

Ils proposent des stratégies de test-and-treat, avec une prise en charge précoce en cas de diagnostic positif, ou la mise sous traitement préventif (Prep) en cas de résultat négatif. Comment expliquer que la région Paca conserve cette position de deuxième région la plus touchée en France ? Il faut rappeler que les chiffres de séropositivité reflètent également le niveau de dépistage.

Plus on dépiste, plus on découvre de cas.

Il est important de souligner que la région Paca est également la deuxième région en termes de nombre de tests sérologiques réalisés en laboratoire, avec 113 tests pour 1 000 habitants, contre une moyenne nationale de 96.

Cela indique que le ciblage du dépistage est efficace.

De plus, la région attire des populations en déplacement, notamment des personnes migrantes qui représentent un tiers des patients pris en charge.

Bien que leur nombre n'augmente pas beaucoup, elles sont exposées à tous les facteurs de risque du VIH.

Si le virus touche quelques individus au sein de cette communauté, il se propage rapidement. En ce qui concerne l'efficacité de la Prep, on observe une baisse des diagnostics et de l'incidence chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes nés en France, qui représentent la majorité des personnes bénéficiant de ce traitement.

En revanche, les populations nées à l'étranger, moins familiarisées avec les associations et les services liés à la santé, ne voient pas le nombre de découvertes de séropositivité diminuer.

Les avancées thérapeutiques et préventives des dernières années ne bénéficient pas de la même manière à toutes les populations cibles du VIH, ce qui creuse un écart. L'objectif de "Sida zéro" d'ici 2030, adopté par Nice et Marseille en 2017, est-il toujours réalisable ? Oui, il est nécessaire de poursuivre cet objectif.

Il ne faut pas abandonner.

Cependant, il ne doit pas être seulement un élément de langage marketing.

Il faut continuer à travailler en ce sens.

Nous avons les outils pour y parvenir et nous expérimentons des dispositifs qui peuvent réellement faire la différence.

Tout cela dépend évidemment du contexte politique et du maintien du financement des associations ainsi que de l'aide médicale d'Etat.

Santé publique France estime qu'il y aura entre 4 200 et 5 700 nouveaux cas de séropositivité en France en 2022.

Il n'y a aucune raison pour que nous ne puissions pas y parvenir.

Sinon, cela témoignerait de la capacité de la France à faire face aux épidémies émergentes à l'avenir.

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