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Pourquoi sommes-nous si injustes envers les chauves-souris ?

Une étude remet en cause la notion préconçue voulant que ces petites créatures soient toutes responsables d'une multitude de virus dangereux pour l'Homme.


Publié le 30/11/23 09:34 | Modifié le 30/11/23 09:34
Source : 20 Minutes
Temps de lecture : 2 min
Pourquoi sommes-nous si injustes envers les chauves-souris ?
Les chauves-souris font-elles l'objet d'un blâme injuste ? Une étude réalisée par des scientifiques du monde entier, repérée par l'université de Montpellier (Hérault) et le CNRS, remet en question l'idée reçue selon laquelle ces animaux seraient responsables d'une multitude de virus dangereux pour l'homme.

En examinant attentivement la littérature scientifique consacrée aux chauves-souris d'Afrique, ces chercheurs ont constaté qu'il existait très peu de preuves, en dehors du cas du virus de Marburg, indiquant que les chiroptères propageaient de nombreuses maladies.

"Nous n'avons trouvé aucune preuve convaincante pour étayer l'idée dominante selon laquelle les chauves-souris abritent un grand nombre de virus qui sont transmis à l'homme", explique Natalie Weber, responsable de l'équipe de recherche.

Parmi les 162 publications scientifiques analysées, qui détaillent le comportement de plus de 80 000 individus appartenant à plus de 167 espèces de chauves-souris nocturnes, ces chercheurs n'ont en effet trouvé aucune chauve-souris jouant un rôle central dans la transmission de virus aux humains dans cette région du globe, à l'exception de la roussette d'Égypte, responsable de la propagation du virus de Marburg, qui est dévastateur chez l'homme.

Selon cette étude internationale, c'est donc à cause d'un petit nombre d'espèces, dont la méchante roussette fait partie, que les chauves-souris suscitent une méfiance excessive : on a souvent tendance à les considérer comme une entité unique, alors qu'en réalité elles sont très nombreuses.

L'Afrique abrite par exemple pas moins de 324 espèces de chauves-souris différentes.

"Plutôt que d'affirmer que "les chauves-souris hébergent le virus de Marburg", il est plus exact de préciser que "la roussette d'Égypte, une espèce spécifique de chauve-souris, héberge le virus de Marburg"", explique Sébastien Puechmaille, co-auteur de l'étude et chercheur à l'Institut des Sciences de l'évolution de Montpellier (Hérault).

Adopter un langage modéré à l'égard de ces animaux "évite de faire injustement l'amalgame entre toutes les espèces de chauves-souris et le virus de Marburg", souligne-t-il.

Le problème, c'est que lorsque l'on généralise trop avec ces animaux, cela leur nuit : cette étude internationale craint que les stéréotypes persistants sur les chauves-souris ne freinent leur protection.

"La peur et la persécution active des chauves-souris augmentent considérablement, et il est probable que les populations diminuent dans toute l'Afrique", déplore Dina Dechmann, co-auteur de cette étude.

Une communication prudente et basée sur des preuves scientifiques, ainsi qu'un équilibre entre les risques potentiels et les avantages, seront essentiels pour permettre aux humains et aux chauves-souris de coexister dans notre monde en évolution.

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