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Pour quelle raison certains bébés ne pourront pas recevoir le vaccin contre la bronchiolite cette année ?

Ce traitement préventif contre les formes graves de bronchiolite chez les bébés, initialement prévu pour être disponible en pharmacie à partir du 15 septembre, a été victime de sa propre popularité et s'est retrouvé en rupture de stock en seulement une semaine. Face à cette situation imprévue, les autorités sanitaires ont dû revoir leur stratégie.


Publié le 03/11/23 06:29 | Modifié le 03/11/23 06:29
Source : Le Figaro
Temps de lecture : 4 min
Pour quelle raison certains bébés ne pourront pas recevoir le vaccin contre la bronchiolite cette année ?
"Bonjour, Madame ? Il existe un nouveau traitement préventif contre la bronchiolite.

Le médecin vous a prescrit une ordonnance, vous pouvez venir la chercher !" Au bout du fil, le 15 septembre, Noémie, une mère d'une petite fille de cinq mois en région parisienne, est un peu agacée : sa nouvelle pédiatre lui a déjà parlé - avec insistance - de ce nouveau traitement lors de consultations précédentes.

Mais soit.

Une semaine plus tard, elle décide enfin de se rendre à la pharmacie du quartier, ordonnance en main.

En vain : "désolée Madame, nous sommes en rupture de stock.

Puis-je vous ajouter à la liste d'attente ?" Noémie acquiesce, inquiète de voir le prénom de sa fille ajouté après une dizaine d'autres prénoms d'enfants en attente de leur dose de Beyfortus, traitement préventif - et non vaccin - contre la bronchiolite.

Près de trois semaines plus tard, la pharmacie ne l'a toujours pas rappelée. Noémie n'est pas la seule dans cette situation.

Manon, 24 ans, est la mère d'un petit garçon de deux mois à Paris.

Mi-septembre, sa pédiatre lui a également conseillé de se procurer ce nouveau traitement, en prévision de la saison épidémique.

"J'avais entendu parler de la bronchiolite chez le bébé d'une amie, qui était en détresse respiratoire.

Je suis allée dans ma pharmacie du 15e arrondissement, mais il n'y avait plus de stock.

Depuis, je suis en liste d'attente et je n'ai toujours pas été rappelée.

Résultat, mon petit a la bronchiolite depuis deux semaines.

Heureusement, il n'a pas une forme grave, mais je me sentirais plus rassurée de lui donner le traitement.

J'ai même essayé de demander à mes grands-parents, qui vivent en Bretagne, s'ils en trouvaient en pharmacie, mais là aussi, il n'y avait plus de stock". De nombreuses familles, à travers la France, sont encore en attente de ce traitement préventif pourtant largement promu dans les cabinets médicaux début septembre 2023. Que s'est-il passé pour que tant de jeunes bébés, à l'approche de la saison épidémique de bronchiolite, soient toujours en attente de ce traitement ? Faut-il s'inquiéter alors que le personnel hospitalier redoute une nouvelle saturation des urgences ? Tout le monde se souvient de l'épidémie de bronchiolite à l'automne 2022, qui a engorgé les services pédiatriques en région parisienne en raison des nombreuses hospitalisations de bébés. Rupture de stock en une semaine Le 1er août, la Haute autorité de santé donne un avis favorable au remboursement du Beyfortus.

Tous les bébés nés depuis le 6 février 2023, qui n'ont pas encore été exposés au VRS - le principal virus responsable de la bronchiolite - pendant la saison épidémique précédente, sont alors éligibles au traitement. Le produit est mis à disposition à partir du 15 septembre en pharmacie, avant le début de la saison épidémique qui commence mi-octobre et se termine à la fin de l'hiver, avec un pic en décembre.

200 000 doses sont commandées pour 700 000 naissances.

Le gouvernement table sur une adhésion relative - surtout après les réticences d'une partie des Français envers les vaccins contre la Covid-19.

Mais en seulement une semaine, tous les stocks sont déjà épuisés. Christèle Gras Le Guen, professeure de pédiatrie au CHU de Nantes et chargée par le gouvernement d'accompagner le déploiement du Beyfortus, explique : "Les parents ont adhéré bien plus que ce que nous espérions : près de 90% au lieu des 30% estimés".

Du moins, 60% à 80% selon les établissements, précise le ministère dans un communiqué fin septembre. Changement de stratégie en urgence Le gouvernement est contraint de revoir sa stratégie, rapidement.

Le 29 septembre, de nouvelles consignes sont données.

Désormais, la version de 50mg du Beyfortus, destinée aux bébés de moins de 5kg, est réservée aux maternités.

Les pharmacies pourront cependant commander la version de 100mg, destinée aux bébés de poids supérieur.

Les pédiatres sont toutefois priés de "suspendre les prescriptions".

Depuis cette date, le Beyfortus n'est donc prescrit qu'en maternité, confirme Christèle Gras Le Guen. Cela agace les médecins de ville : "Expliquer aux parents en consultation qu'il y a un risque sérieux et ne pas être en mesure de leur fournir finalement le médicament qu'ils avaient accepté, c'est frustrant", confie Youna Cloarec, médecin généraliste dans un centre de santé à Ploumoguer (Finistère).

"Je viens de voir un bébé de 19 jours qui n'a pas été vacciné en maternité, et sur plusieurs bébés que je suis actuellement, un seul a reçu le Beyfortus", s'inquiète-t-elle.

Et elle déplore : "Dans le contexte où nous essayons de regagner la confiance dans le système de santé, ce genre de couac peut perturber". "Les nourrissons de moins d'un mois sont les plus susceptibles de développer une forme grave de bronchiolite", justifiait le ministère de la Santé fin septembre, sans pour autant évoquer le cas des bébés de cette tranche d'âge déjà sortis de maternité sans avoir pu bénéficier du traitement.

L'idée est donc de réserver le Beyfortus aux "bébés les plus fragiles : ceux qui sortent de la maternité ou des services de néonatologie, comme les anciens prématurés", détaille Christèle Gras Le Guen. Maternités obligées de "surprioriser" Pourtant, même dans certaines maternités, les doses se faisaient toujours attendre au 25 octobre.

"Entre deux livraisons, nous avons dû donner la priorité", racontait alors Christèle Gras-Le Guen sur France Inter, citant l'exemple de sa maternité à Nantes où les bébés les plus fragiles ont été priorisés pour recevoir le traitement. Christèle Gras-Le Guen rejette cependant l'expression "tri des bébés" utilisée par la radio publique.

"Dans certains endroits, nous n'avions tout simplement pas suffisamment de doses à un moment donné", admet-elle.

Dans ces cas, "s'il reste 20 doses dans le frigo et qu'il y a 40 enfants à sortir, nous les donnons aux plus fragiles.

C'est naturel, c'est de la médecine et nous l'avons toujours fait", s'agace-t-elle. De nouvelles livraisons "courant novembre" Christèle Gras Le

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