Franceactu.info

Le mouchoir en tissu effectue un retour étonnant, se présentant dorénavant comme une option plus écologique, moins irritante et élégante.

En raison d'une perception ringardisée et d'un jugement peu favorable en termes d'hygiène, l'utilisation du mouchoir en tissu avait quasiment disparu des foyers. Cependant, plusieurs entrepreneurs se sont récemment engagés à relancer sa production en raison du mauvais bilan écologique des mouchoirs jetables.


Publié le 29/11/23 06:35 | Modifié le 29/11/23 06:35
Source : 20 Minutes
Temps de lecture : 4 min
Le mouchoir en tissu effectue un retour étonnant, se présentant dorénavant comme une option plus écologique, moins irritante et élégante.
On aimerait se passer des mouchoirs en papier.

Après un automne exceptionnellement chaud, le retour du froid et de l'humidité favorise le retour des rhumes et autres virus qui entraînent l'écoulement nasal.

Et cela risque de durer plusieurs mois, sans compter les allergies au printemps.

Pour la plupart des Français, le réflexe est de prendre dans un paquet de mouchoirs en papier.

Plus de 500 mouchoirs jetables seraient ainsi utilisés chaque année par personne, soit plusieurs milliards finissant à la poubelle annuellement en France.

Le bilan écologique n'est pas bon, notamment en raison de la fabrication du célèbre mouchoir en cellulose popularisé par la marque américaine Kleenex, qui consomme beaucoup d'eau et est généralement emballé dans un film plastique.

Cependant, une alternative, connue des personnes de plus de 50 ans, fait son retour : le mouchoir en tissu.

Autrefois incontournable, le carré de coton avait été dépassé à partir des années 1990, au point de disparaître pratiquement des foyers.

Son utilisation restait limitée aux personnes âgées ou au marché du luxe, plus pour être porté à la boutonnière que pour être utilisé pour se moucher.

Cependant, depuis quelques années, les ventes repartent à la hausse.

La "prise de conscience écologique" a incité de nouveaux acteurs (Le Mouchoir français, Ernest & Lulu, TSHU, Demay, La Fabrique du mouchoir...) à relancer la production.

Des fabricants de linge de maison ont également ajouté le mouchoir en tissu à leur catalogue. Lancée en 2016, la société Le Mouchoir français a été l'une des premières à saisir cette tendance.

"C'était le bon moment, les consommateurs s'intéressaient de plus en plus au zéro déchet et à l'économie circulaire.

Il y avait donc quelque chose à améliorer pour les mouchoirs.

Le problème, c'est que le savoir-faire français n'était plus là.

Il a donc fallu reconstruire toute une filière", explique Mathieu Maisonnial, cofondateur de la marque.

L'entrepreneur a donc réuni différents partenaires, conclu un contrat avec un atelier dans les Deux-Sèvres.

Les mouchoirs imprimés en coton bio de Le Mouchoir français, vendus entre 8 et 30 euros l'unité, ont rapidement séduit une nouvelle clientèle, majoritairement âgée de moins de 40 ans.

"La dimension écologique et l'attrait du Made in France fonctionnent bien sûr, mais il y a aussi cet aspect romantique, cette madeleine de Proust, cet objet auquel on est attaché et qu'on garde dans sa poche", raconte Mathieu Maisonnial.

De plus, la personnalisation plaît particulièrement, que ce soit pour les naissances ou les anniversaires. Camille Guidez, après une visite au musée du textile de Cholet (Maine-et-Loire), capitale française du mouchoir mais qui ne compte plus aucun fabricant depuis 2002, a également eu l'idée de passer à l'action.

Sa marque, Demay Manufacture, a été lancée en décembre 2021 et collabore avec trois ateliers situés autour de Cholet, symboliquement.

Les motifs sont brodés et le tissu est de "très grande qualité".

Les prix moyens sont de 25 euros pièce.

"Cela peut sembler cher, mais c'est un article élégant, loin du mouchoir à carreaux de grand-père", affirme Camille Guidez.

"On peut également le conserver indéfiniment.

Je m'inscris dans la continuité des tissus démaquillants, des couches lavables et des culottes menstruelles réutilisables." La question de l'hygiène reste cependant en suspens, principal argument soulevé par les partisans des mouchoirs jetables.

Est-il vraiment souhaitable de mettre son nez dans un mouchoir déjà contaminé par des microbes ? "Un mouchoir en tissu n'est pas plus hygiénique, c'est vrai", affirme Mathieu Maisonnial.

"Mais il faut également considérer que la plupart des mouchoirs en papier sont remis dans la poche et réutilisés.

Donc à partir de là, il n'y a aucune différence.

Le tissu a même l'avantage d'être plus épais." Camille Guidez est également d'accord : "La matière textile est plus douce et beaucoup moins irritante que le papier.

Rien n'oblige à réutiliser fréquemment un mouchoir en tissu, on peut le mettre directement dans le panier à linge sale.

Beaucoup plus de personnes qu'on ne le croit en utilisent.

Elles en sont généralement très satisfaites et ne sont pas moins hygiéniques que les autres.

Personnellement, j'ai toujours une petite boîte de mouchoirs en tissu chez moi." Le Mouchoir français, en croissance régulière depuis son lancement, connaît une augmentation de ses ventes de 42% cette année par rapport à 2022, tandis que Demay Manufacture revendique une augmentation annuelle de 25%.

Cependant, le renouveau du mouchoir en tissu reste fragile, comme en témoigne la fermeture de l'entreprise rennaise La Fabrique du mouchoir en 2022, deux ans après son lancement en plein crise de Covid, en raison du manque de rentabilité.

Le modèle économique de Demay Manufacture est également basé sur la vente d'autres produits de linge.

"Je pense néanmoins que le marché continuera de croître.

Il se peut qu'il arrive dans les supermarchés.

Je suis convaincue qu'on en verra de plus en plus dans les rayons", prédit Camille Guidez.

Mathieu Maisonnial partage également cet optimisme : "Il y a un véritable intérêt pour le produit et son image est en train de changer.

Nous en sommes seulement au début de ce changement."

Les articles les plus lus


Autres actus Santé


Découvrez tous nos autres articles sur le même thème

Plus d'actu Santé
Suivez France Actu