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La dépression : la luminothérapie n'est en aucun cas une arnaque, au contraire.

Le psychiatre Pierre Alexis Geoffroy explique que dans les cas de dépression, qu'elles soient liées ou non à une saison particulière, la luminothérapie présente une efficacité similaire à celle des antidépresseurs.


Publié le 12/11/23 06:43 | Modifié le 12/11/23 06:43
Source : 20 Minutes
Temps de lecture : 4 min
La dépression : la luminothérapie n'est en aucun cas une arnaque, au contraire.
L'automne est de retour avec ses feuilles mortes, sa pluie et son ciel gris.

Certains apprécient cette saison et en profitent pour rester au chaud et regarder une série sous un plaid, tandis que d'autres se sentent profondément déprimés en raison du manque de luminosité.

Cette baisse morale peut conduire à une dépression saisonnière.

Pour lutter contre cette pathologie, des entreprises ont créé des lampes émettant des rayons lumineux afin de reproduire les effets du soleil.

La promesse étant que l'exposition quotidienne, tôt le matin pendant au moins trente minutes, à un écran diffusant une lumière blanche, redonnera un coup de boost à notre moral.

Ces machines, disponibles dans les grandes surfaces, sont-elles réellement efficaces ou ne sont-elles que des gadgets ? Nous avons posé la question à deux médecins. Selon Pierre Alexis Geoffroy, professeur de psychiatrie à l'hôpital Bichat et au centre ChronoS du GHU Paris psychiatrie neuroscience, "l'héliothérapie est pratiquée depuis l'Antiquité.

Le soleil a toujours été utilisé comme antidépresseur." Ce qui a changé récemment, ce sont les preuves scientifiques.

Au cours des trente dernières années, les études cliniques ont accumulé les preuves de l'efficacité de la luminothérapie. Pierre Alexis Geoffroy a dirigé une étude dont le résultat est clair : "Dans les cas de dépressions, qu'elles soient saisonnières ou non, la luminothérapie a un effet comparable à celui des antidépresseurs.

De plus, les deux traitements combinés sont plus efficaces que les antidépresseurs seuls." Si la luminothérapie était déjà utilisée pour traiter les troubles de l'humeur saisonniers, elle pourrait donc devenir une solution thérapeutique pour toutes sortes de dépressions, y compris celles liées à la période de grossesse et post-partum. Pour comprendre ces résultats, il faut d'abord comprendre le fonctionnement de notre rythme biologique.

Lorsqu'il y a peu de lumière, nous sécrétons de la mélatonine, l'hormone qui indique qu'il fait nuit et qui favorise le sommeil.

En été, le soleil envoie un signal à notre organisme le matin, ce qui inhibe la sécrétion de cette hormone.

En hiver, le soleil se lève plus tard, ce qui entraîne une sécrétion prolongée de mélatonine et une plus grande fatigue. "L'altération des rythmes biologiques dans la dépression est liée à un sommeil de moins bonne qualité, ce qui affecte l'humeur", explique Antoine Pelissolo, psychiatre et chef du service de psychiatrie à l'hôpital Henri Mondor à Créteil.

"Le fait de s'exposer à la lumière le matin permet de synchroniser les rythmes biologiques et donc de réduire indirectement les symptômes de la dépression." Mais ce n'est pas tout.

"On a récemment découvert qu'il existe des connexions directes entre la rétine et d'autres centres du cerveau, notamment des centres de régulation des émotions", poursuit le professeur de psychiatrie à l'hôpital Bichat.

"Une des hypothèses est que les rayons lumineux ont un effet sur certains neurotransmetteurs, en particulier la sérotonine, la substance la plus impliquée dans le traitement de la dépression", avance Antoine Pelissolo. Contrairement aux antidépresseurs qui peuvent provoquer des effets secondaires, les lampes de luminothérapie ne semblent en générer aucun.

"Seuls des maux de tête et d'autres symptômes courants, que l'on retrouve également chez les personnes prenant des placebos, ont été signalés", affirme Antoine Pelissolo.

Cependant, il est important d'utiliser des lampes sécurisées, conformes à la norme CE, afin d'éviter tout risque de brûlure de la rétine.

"À midi, la luminosité du soleil atteint 100 000 lux", rappelle Pierre Alexis Geoffroy.

"La luminothérapie n'atteint que 10 000 lux pendant trente minutes." Certaines personnes devront toutefois éviter d'utiliser ces produits.

Celles souffrant de problèmes oculaires tels que la dégénérescence maculaire liée à l'âge, la cataracte, la rétinopathie ou le glaucome devront s'en passer en raison de l'intensité de la lumière.

Les personnes atteintes de trouble bipolaire devront également se montrer prudentes.

"Il y a un petit risque de basculement dans la phase maniaque, tout comme avec toutes les stratégies antidépressives", souligne le psychiatre.

"Le risque est que l'antidépresseur ait un effet trop stimulant." Pour elles, l'utilisation de lampes est donc déconseillée sans un régulateur de l'humeur. Cependant, il est peu probable que les lampes de luminothérapie remplacent les antidépresseurs dans l'arsenal médicamenteux de sitôt.

"À chaque article sur le sujet, des patients veulent arrêter leur traitement pour passer à la luminothérapie", témoigne le professeur de psychiatrie à l'hôpital Bichat.

"C'est un traitement efficace.

C'est un outil supplémentaire pour les stratégies antidépressives.

Si les antidépresseurs fonctionnent, il faut les continuer.

De plus, la luminothérapie peut être combinée aux antidépresseurs." Les lampes sont également utiles pour les personnes qui se trouvent dans des moments de vie spécifiques nécessitant des soins avec peu d'effets secondaires, comme les femmes enceintes ou les personnes âgées. "Ne comptez pas uniquement sur la luminothérapie", confirme Antoine Pelissolo.

"Si la dépression n'est pas trop avancée, on peut commencer par cela.

Mais si l'état ne s'améliore pas, il ne faut pas attendre trop longtemps pour discuter d'un autre traitement avec son médecin, qu'il s'agisse de médicaments ou de thérapie." Le psychiatre recommande également d'utiliser ces lampes de manière préventive.

"Les personnes qui savent qu'elles traversent un passage à vide chaque mois de décembre peuvent commencer à s'exposer à la lumière en amont." Cependant, le coût de ces dispositifs varie de 50 à plus de 200 euros, ce qui peut constituer un frein.

Contrairement à la Suisse, à l'Angleterre ou aux États-Unis, ils ne sont pas remboursés en France, même sur prescription médicale.

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