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"Révolution sécuritaire : Démocratiser la protection privée façon Uber, une idée brillante d'un Niçois"

Julien Crozet propose LEON, une appli pour recruter des gardes du corps durant les JO 2024 à Paris. Contesté par un universitaire et les statistiques, il soutient la privatisation de la sécurité.


Publié le 07/12/23 06:22 | Modifié le 07/12/23 06:22
Source : 20 Minutes
Temps de lecture : 3 min
"Révolution sécuritaire : Démocratiser la protection privée façon Uber, une idée brillante d'un Niçois"
Les poignées de main sont viriles et l'équipe de Julien Crozet est impressionnante.

Ce Niçois de 47 ans n'est pas venu seul pour rencontrer 20 Minutes.

Les gros bras sont présents.

Trois de ces "agents", des hommes en noir à la carrure imposante, l'accompagnent.

Wesley et Eduard sont deux anciens militaires.

Le premier a passé six ans dans l'armée, à faire de l'escorte de convois, tandis que le second, originaire de Moldavie, était légionnaire.

Il y a aussi Sophien, un champion de MMA.

Le créateur de LEON, une application smartphone avec laquelle il espère "démocratiser la sécurité privée", explique : "C'est le genre de profils que nous proposons.

Des ex-militaires, des gendarmes ou des policiers, et des sportifs de haut niveau.

Ils ont la condition physique et les réflexes nécessaires." L'application, calquée sur le modèle d'Uber et géolocalisée, permet de réserver un trajet en voiture avec un conducteur spécialement formé ou une escorte pédestre avec un véritable "garde du corps".

Lancé il y a plusieurs années, le programme n'est actif que sur la Côte d'Azur, "entre Menton et Saint-Tropez", mais l'entrepreneur, lui-même ancien chauffeur de grande remise (anciennement VTC), espère recruter massivement pour passer à la vitesse supérieure grâce à une levée de fonds d'au moins trois millions d'euros.

Ils font appel aux investisseurs qui ont été frileux jusqu'à présent, peut-être parce que c'est un sujet politique et qu'il y a un black-out total à ce sujet.

Mais selon le directeur de LEON, dont le siège social a justement été déplacé dans la capitale, c'est également un marché qui va exploser avec les Jeux olympiques de Paris 2024.

Selon un rapport du sénateur PS Jean-Jacques Lozach, il manquerait encore quelque 8 000 agents sur les 20 000 nécessaires pendant la compétition.

Julien Crozet estime que ce chiffre est sous-évalué et craint que cet événement mondial ne soit catastrophique en raison des vols, des agressions et des pickpockets, ce qui pourrait dissuader les visiteurs de venir en France. "C'est un basculement réel dans notre société.

Il faut arrêter de tourner autour du pot", affirme l'Azuréen, qui a eu l'idée de LEON lors d'une sortie à la plage à Saint-Tropez en été 2014, lorsqu'il s'est fait voler tous ses biens.

Sur le compte Instagram de l'application, il partage des vidéos de cambriolages, des photos choquantes d'agressions et commente l'actualité, notamment les attentats et les meurtres qui auraient pu être évités avec des agents de sécurité armés.

Certains internautes critiquent ses méthodes publicitaires. Julien Crozet s'attend à être accusé de véhiculer des idées d'extrême droite, mais il rejette cette accusation.

Selon lui, la plupart des agents de sécurité sont issus de la diversité et des quartiers défavorisés.

Il affirme qu'il y a plus de jeunes qui essaient de s'en sortir que de jeunes vendant de la drogue dans ces quartiers, et qu'ils pourraient tout à fait devenir agents de sécurité.

Actuellement, son équipe compte dix personnes, dont quatre en CDI et six en tant qu'autoentrepreneurs.

Tous sont titulaires d'une carte professionnelle, et certains sont spécialisés dans la protection rapprochée.

Il propose ce service d'escorte pédestre à tout le monde, à partir de 57 euros de l'heure, et affirme que cela peut s'adresser à n'importe qui, y compris aux personnes ayant déjà vécu une mauvaise expérience.

Il souligne également que ce service n'est pas réservé aux riches étrangers. Selon Julien Crozet, la demande pour ce type de service va exploser, tout comme le nombre de personnes titulaires d'une carte professionnelle d'agent de sécurité (actuellement 160 000 en France).

Il estime que la privatisation de ce secteur est inévitable, tout comme cela s'est produit au Brésil et dans de nombreux autres pays.

Il compare cela à la situation des nourrices, qui étaient autrefois réservées aux riches et qui se sont démocratisées en raison du manque de places en crèche.

Il affirme que la même chose va se produire avec la sécurité, car l'État se désengage et les forces de sécurité sont confrontées à des difficultés structurelles croissantes.

Selon lui, il est temps de repenser la sécurité publique et de se réapproprier cette responsabilité. Cependant, le Pr Xavier Latour, doyen de la Faculté de droit et de science politique à l'Université de Nice Côte d'Azur, ne partage pas ce constat.

Selon lui, l'État affirme au contraire la prééminence de la sécurité publique et prend des mesures pour renforcer les effectifs de police et de gendarmerie.

Il estime que la sécurité privée et la sécurité publique sont complémentaires plutôt que concurrentes.

La Cour des comptes a également constaté une hausse des crédits et des effectifs dans les forces de sécurité intérieure, bien que cela ne résolve pas les problèmes structurels.

Le gouvernement prévoit d'ailleurs de créer de nouveaux postes dans la police nationale et la gendarmerie nationale.

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