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«Je me suis retrouvée dans son lit, à être son enfant femme» : les révélations glaçantes de Judith Godrèche sur Benoît Jacquot, puis sur Jacques Doillon

Plusieurs actrices, dont Judith Godrèche, accusent les deux cinéastes de viols et d’agressions sexuelles. Ils sont actuellement interrogés à Paris par la Brigade de protection des mineurs dans le cadre d’une garde à vue.


Publié le 01/07/24 12:00 | Modifié le 01/07/24 12:00
Source : Le Figaro
Temps de lecture : 4 min
«Je me suis retrouvée dans son lit, à être son enfant femme» : les révélations glaçantes de Judith Godrèche sur Benoît Jacquot, puis sur Jacques Doillon
«J’étais tellement docile, j’étais endoctrinée, c’est comme si j’avais rejoint une secte.» Sur les ondes de France Inter, le 8 février, Judith Godrèche dit tout.

Tout de sa «relation» avec le réalisateur Benoît Jacquot alors qu’elle n’était qu’une adolescente.

«Je suivais complètement les règles de mon gourou», soutient au micro de Sonia Devillers l’actrice, qui a décidé de porter plainte contre le cinéaste deux jours plus tôt.

Ce jour-là, elle accuse aussi Jacques Doillon d’agression sexuelle.

Depuis, une enquête a été ouverte par le parquet de Paris pour «viol sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité, viol, violences par concubin» et «agression sexuelle sur mineur de plus de 15 ans par personne ayant autorité».

Un enquête qui connaît un rebondissement ce lundi 1er juillet avec le placement à garde à vue des deux cinéastes, actuellement interrogés à Paris par la Brigade de protection des mineurs. «Impossible de s'en dégager» Ce 8 février, durant les 11 minutes d’interview, Judith Godrèche raconte d’abord comment le déclic est venu avec l’ouvrage Le Consentement (le récit autobiographique de Vanessa Springora qui raconte sa liaison avec Gabriel Matzneff lorsqu’elle avait 14 ans et lui 50), qu’elle n’a pas réussi à lire au moment de sa sortie.

Un mois après qu’elle a dénoncé le comportement du réalisateur de 77 ans sur le plateau de «Quotidien», elle revient, avec plus de détails, sur les abus qu’elle a subis de la part du réalisateur, sur cette supposée liaison commencée au printemps 1986, alors qu’elle avait tout juste 14 ans.

«J’ai été son enfant femme», dit celle qui partageait le lit de cet homme de vingt-cinq ans son aîné.

Elle décrit une relation violente : des gifles, des coups de poing et des coups de ceinture.

«Les sévices et le sadisme sexuels, c’est arrivé immédiatement», assure l’actrice et réalisatrice.

«Dès l’âge de 14 ans ?» l’interroge la journaliste Sonia Devillers.

«Oui oui, bien sûr.

Et il crée en plus un système de manque où moi, très vite, je me suis sentie complètement dépendante.

Où il met même en scène des absences...

Il s’invente tout un passé (...) C’était comme si, tout d’un coup, j’avais rencontré quelqu’un qui était le meilleur ami de tous mes écrivains préférés, qui avait couché avec toutes mes actrices préférées.

C’est comme une main qui se referme sur votre cœur et qui serre, qui serre et qui serre.

Et après, il est impossible de s’en dégager.»
«J’étais son enfant femme» Mère de deux enfants et aujourd’hui âgée de 51 ans, Judith Godrèche cherche à comprendre l’emprise qu’a eue Benoît Jacquot sur elle.

Mais elle insiste sur un point : jamais, elle n’a été attirée par le cinéaste.

Quand bien même lui soutient le contraire.

«J’ai essayé de réfléchir et de me dire : “En fait, à quel moment j’ai regardé cet homme ?” Et je me suis dit que j’avais envie de sortir avec lui.

“Oh, il est super beau !” Mais en fait, jamais !»
L’actrice en herbe voyait surtout en Benoît Jacquot «une figure paternelle», comme «l’autorité sur le tournage», «quelqu’un qui vous parlait de vous comme si vous n’aviez jamais été vue avant».

«Il créait le portrait d’une fille, d’une enfant qui va devenir le vôtre et pour résister à ça, il faudrait une armée d’adultes.

Il aurait fallu une armée d’adultes»
, affirme-t-elle.

«Moi je n’ai jamais été attirée par Benoît Jacquot mais je me suis retrouvée avec lui et je me suis retrouvée dans son lit, à être sa femme, sa petite femme, son enfant femme.» Trente ans plus tard, l’actrice admet ne pas être partie à cause de la «peur».

«C’est à partir du moment où j’ai commencé à émettre des désirs ou des souhaits qui ne correspondaient pas à ces règles que c’est devenu terrifiant.» Et là, les coups et les humiliations publiques s’intensifient.

Interrogé par Le Monde , Benoît Jacquot nie l’ensemble des accusations.

Il insiste sur le caractère «amoureux« de cette relation longue. Les abus de Jacques Doillon Au micro de Sonia Devillers, Judith Godrèche accuse également le réalisateur Jacques Doillon, avec qui elle a tourné dans La fille de 15 ans, sorti en 1989, d’avoir abusé d’elle à deux reprises, alors qu’elle était mineure.

Elle évoque d’abord des faits qui se sont déroulés «dans la maison de Jane [Birkin, compagne à l'époque du cinéaste], dans le bureau de Jacques Doillon».

«Personne ne l’a vu et puis je n’en ai parlé à personne», précise-t-elle.

«Mais ensuite sur le tournage, c’était hallucinant.» Dans La fille de quinze ans, l’actrice tient le rôle principal, au côté de Melvil Poupaud et de Jacques Doillon lui-même.

À l’époque, Judith Godrèche a 15 ans et le réalisateur une quarantaine d’années.

«Qu’est-ce qu’il veut de vous, Doillon, demande la journaliste.

Votre talent d’actrice ?»
«La même chose répond l'intéressée.

«Que Benoît Jacquot ? Votre corps ? Et donc il abuse de vous ?» poursuit Sonia Devillers.

Judith Godrèche acquiesce. Elle raconte a posteriori que Jacques Doillon «a viré l’acteur» du film pour se mettre à sa place et incarner le personnage de Willy, père du petit ami de l’héroïne, qui tombe petit à petit amoureux d’elle.

«Tout d’un coup, il décide qu’il y a une scène d’amour, une scène de sexe entre lui et moi», raconte Judith Godrèche.

Elle explique que pour cette scène, «45 prises» ont été faites.

«J’enlève mon pull, je suis torse nu, il me pelote, me roule des pelles», décrit-elle, précisant par ailleurs que Jane Birkin était présente sur le tournage de cette scène.

«C’est une situation extrêmement douloureuse pour elle.» Depuis le témoignage de Judith Godrèche, d’autres actrices ont dénoncé les abus de Benoît Jacquot et Jacques Doillon.

Le premier est accusé par Julia Roy d’agression sexuelle et par Isild le Besco de viols, qui auraient été commis entre 1998 et 2007.

Tandis que le second est, lui, mis en cause par les actrices Anna Mouglalis, Jessica Tharaud et Isild Le Besco pour agressions sexuelles et harcèlement sexuel.

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