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Fignon battu pour huit secondes, Pinot maudit, Voeckler en jaune… Cinq Tours de France qui ont marqué les Français

RECIT - L'espoir de voir un Français briller, un Tour de France animé et des anecdotes à raconter. Voilà ce qu'on attend chaque année au mois de juillet. Pour la 111ᵉ édition, qui a commencé samedi, Le Figaro a décidé de se souvenir de cinq Grandes Boucles qui ont marqué les Français.


Publié le 30/06/24 09:00 | Modifié le 30/06/24 09:00
Source : Le Figaro
Temps de lecture : 7 min
Fignon battu pour huit secondes, Pinot maudit, Voeckler en jaune… Cinq Tours de France qui ont marqué les Français
2019 : Alaphilippe en dynamiteur, Pinot le malheureux .fig-i-e3c9d35bf0b292b181bb42b6c15a2e12.fig-placeholder{aspect-ratio: 3000 / 2176} Julian Alaphilippe et Thibaut Pinot, en 2019. Nico Vereecken / Photo News / Panoramic Julian Alaphilippe déchaîné et Thibaut Pinot à son meilleur niveau.

Tout commence lors de la troisième étape où le coureur de la Deceuninck Quick-Step s'impose en solitaire à Épernay et prend le maillot jaune.

Après un jeu de chaises musicales avec Ciccone, le double champion du monde récupère le précieux sésame à Saint-Étienne, qu'il garde un long moment.

Notamment grâce à un contre-la-montre dantesque à Pau, lors de la 11ᵉ étape, où il devance tout le monde et garde plus d'une minute d'avance sur Egan Bernal et Geraint Thomas. À découvrir Le classement du Tour de France Mais le plus dur commence.

Dans le mythique Tourmalet, le duo français Pinot-Alaphilippe pimente la course.

Le premier remporte l'étape devant le second après un numéro extraordinaire.

On commence à y croire, plus de 30 ans après, mais “Alaf” craque finalement dans les Alpes.

Il perd son maillot jaune lors de la 19ᵉ étape, après quatorze jours passés sur le trône.

«Je suis exténué, content, fier de ce que j'ai fait», disait-il au terme de la course, qu'il finit à la cinquième place. Cette 19ᵉ étape fait d'autres dégâts.

Bien placé au général avec seulement près de deux minutes de retard sur son compatriote au départ, Thibaut Pinot abandonne après une lésion musculaire à la cuisse.

Les dernières images de Pinot sur ce Tour 2019 sont insoutenables.

Distancé, il s'arrête finalement pour prendre place dans la voiture médicale et fond en larmes.

«Cet abandon, je ne l'accepte pas.

C'est pire que de la poisse»
, regrettait-il.

On ne saura jamais s'il était capable de gagner le Tour, mais les jambes et la tête avaient décidé de s'aligner, pour une fois.

Que de regrets... À lire aussiCyclisme : Thibaut Pinot, l'ami public numéro 1 2014 : 30 ans après, deux Français sur le podium à Paris .fig-i-40fbae8415710b53ac82188a5f4408d3.fig-placeholder{aspect-ratio: 3000 / 1985} Jean-Christophe Péraud (à gauche) et Thibaut Pinot (à droite) sur le podium final du Tour de France en 2014. Fep / Panoramic Le Tour de France.

Thibaut Pinot l'a marqué de son empreinte.

Il y a dix ans, le coureur de la Française des Jeux montait sur le podium des Champs-Élysées.

Il accompagnait le vainqueur Vincenzo Nibali et son compatriote Jean-Christophe Péraud.

Deux Frenchies sur le podium des Champs-Élysées, cela n'était plus arrivé depuis 1984.

Il n'y avait même pas eu de Français parmi les trois premiers au XXIe siècle.

Sous le maillot d'AG2R La Mondiale, le natif de Toulouse, venu pour une victoire d'étape, se montre régulier et reste bien placé au classement général. Dans les Pyrénées, il fait la différence sur Valverde pour s'incruster sur le podium du Tour, juste devant son jeune compatriote de la FDJ.

Le jeune Franc-Comtois, lui, réalise de belles performances en finissant deux fois deuxième à la Planche des Belles Filles, puis à Hautacam.

Lui aussi tient la cadence dans les derniers jours - malgré un contre-la-montre difficile à Périgueux - et monte sur la dernière place du podium.

«L'objectif au départ, c'était le top 10, mais au vu de mes jambes, je voulais faire mieux», avait-il déclaré au terme de la course. 2011 : Thomas Voeckler et ses onze jours en jaune .fig-i-70040a4b50424cf85416809a970e1665.fig-placeholder{aspect-ratio: 3000 / 2003} Thomas Voeckler, en jaune, pendant plus de dix jours en 2011. Nico Vereecken & Peter De Voecht / Photo News / Panoramic Devenu père juste avant la 98ᵉ édition de la Grande Boucle, Thomas Voeckler reste sur son petit nuage et offre une autre dimension à la course.

C'est lors de la neuvième étape que tout s'illumine.

Après une journée parfaite, Thomas Voeckler remporte l'étape et le maillot jaune à Saint-Flour avec plus de deux minutes d'avance sur le favori australien Cadel Evans. «On va tout faire pour le garder, mais quand je vais le perdre, Jean-René ne va pas me mettre la fessée», rigolait le leader de l'équipe Europcar dans Ouest-France, au lendemain de son triomphe.

Après deux étapes pour les sprinteurs, les Pyrénées arrivent et le moment de vérité aussi.

À Luz-Ardiden et sur le Plateau de Beille, il donne l'impression de voler sur son vélo et répond parfaitement aux attaques.

«C'est la seule fois dans ma carrière où je me suis senti le patron du Tour», expliquait l'actuel sélectionneur de l'Équipe de France sur route. Après une fatigue accumulée, trop pesante sur les jambes, le coureur d'Europcar perd du temps dans le col du Galibier, mais son maillot jaune résiste (encore) à Franck Schleck pour quinze secondes.

Pas le lendemain.

Thomas Voeckler perd définitivement le Tour de France, à deux jours de l'arrivée, après avoir tenté de suivre Schleck et Contador dans une attaque.

Il s'écroule ensuite, perd plus de deux minutes et recule à quatrième place, où il finit à Paris.

«Je l'ai vu gagner le Tour», racontait son manager, Jean-René Bernaudeau. 1989 : huit secondes qui font basculer le Tour et la carrière de Laurent Fignon .fig-i-5fdc41ecc36e9eebb4a7cebd1b057740.fig-placeholder{aspect-ratio: 2468 / 1687} Laurent Fignon (à droite) a perdu son sourire après le final du Tour de France 1989 face à Greg LeMond (à droite). Imago / PanoramiC / Imago / Panoramic Une fin gravée à vie dans l'histoire du Tour de France.

Sûrement son dénouement le plus cruel.

Le 23 juillet 1989, la carrière et la vie de Laurent Fignon, double vainqueur de l'épreuve, bascule pour… huit secondes.

Vainqueur de Milan San-Remo, puis du Giro, «l'Intello» veut renouer avec la victoire sur la Grande Boucle après cinq ans de disette.

Si Pedro Delgado semble être son plus grand rival, Greg LeMond, ancien coéquipier de Bernard Hinault, revient de (très) loin.

Accidenté en 1987, puis de retour l'année suivante, il peine à retrouver ses sensations et sort d'un Tour d'Italie terminé au-delà de la trentième place. Pourtant, c'est l'Américain qui prend le maillot jaune en premier, à la suite d'un contre-la-montre bien maîtrisé.

LeMond relègue Fignon à près d'une minute et considère «avoir déjà réussi son Tour» au vu des circonstances.

Dans les Pyrénées, les deux coureurs, qui ne s'apprécient guère, se livrent une bataille dantesque que le Français gagne pour reprendre la maîtrise du Tour. À lire aussiTour de France 1989: Laurent Fignon et les 8 secondes d'éternité Le mano à mano continue jusqu'à la veille des Champs-Élysées où Fignon touche du doigt un troisième succès sur la Grande Boucle avec 50 secondes d'avance sur l'Américain.

La suite appartient à l'histoire.

Le Parisien roule son meilleur chrono sur ces 24 kilomètres entre Versailles et Paris, mais une blessure à l'entrejambe l'oblige à tirer la langue.

Survolté, LeMond reprend des secondes au fil de cette dernière étape et passe l'arrivée avec huit secondes d'avance sur Fignon.

Une blessure qui va le marquer à vie.

«Si je l'avais emporté, on ne s'en souviendrait pas», tentait de relativiser Laurent Fignon, en 2007, mais cette blessure continue de le hanter jusqu'à sa mort en 2010. 1985 : Bernard Hinault, dernier Français en jaune sur les Champs-Élysées .fig-i-2d4c5caa699fe57de467b14fafc6ee7b.fig-placeholder{aspect-ratio: 932 / 582} Bernard Hinault, accidenté en plein cœur du Tour de France 1985, va réussir à le remporter. AFP Bientôt une double décennie sans vainqueur français.

Le dernier date de 1985 avec Bernard Hinault.

Vainqueur du Giro, «le Blaireau» arrive sur le Tour de France comme le grand favori, avec un équipier de luxe dans l'équipe La Vie Claire.

Un certain...

Greg LeMond.

Malgré une maîtrise totale sur le début du Tour, reléguant son coéquipier américain, deuxième, à plus de trois minutes, le Breton se fait une énorme frayeur. Lors de la quatorzième étape, avec une arrivée à Saint-Étienne, Bernard Hinault chute dans le dernier kilomètre et finit la course le visage ensanglanté.

«J'avais fait en sorte que Greg LeMond assure sa deuxième place en empêchant Phil Anderson de le rejoindre.

Je ne me méfiais pas et je tombe sur un petit coup de coude de sa part»
, racontait-il au Parisien, en 2015.

Plus de peur que de mal pour le coureur français.

«Je savais que j'étais capable de gérer la douleur.

Pas une seconde, je n'ai pensé à l'abandon»
. À lire aussiHinault-LeMond, un maillot jaune pour deux Ces blessures lui donnent la rage de vaincre pour aller chercher un cinquième Tour de France après 1978, 1979, 1981 et 1982.

LeMond, frustré, affirme que son directeur sportif de l'époque lui avait interdit d'attaquer Hinault dans les derniers jours.

Le natif des Côtes-d'Armor a pu donc devenir, aux côtés d'Eddy Merckx et de Jacques Anquetil, le recordman de victoires sur un Tour de France (5).

Avec une promesse pour LeMond de devenir son coéquipier de luxe l'année suivante.

Chose promise, chose due, l'Américain a gagné son premier Tour en 1986.

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